Observation #4

L’observation immersive

Les participants sont équipés de casques où ils peuvent s’immerger dans une observation à 360° de la répétition qui se déroule simultanément au plateau,, une autre partie des observateurs y assistant depuis la salle en présentiel.

Théâtre National de Bretagne – Claire Ingrid Cottanceau et Olivier Mellano

Toutes les photos © Argos

Rennes, France, février 2020

L’observation immersive du processus de création de Rothko Untitled #2 s’est déroulée au Théâtre National de Bretagne du 5 au 12 février 2020. Elle a réuni des chercheurs-ses du groupe ARGOS, des étudiant-es de l’université Rennes 2 en master perspectives critiques et master professionnel médiation du spectacle vivant à l’ère du numérique, des spectateurs et des médiateurs du spectacle vivant pendant une semaine d’observation précédant la première du spectacle. L’enjeu était d’éprouver trois modalités de regards, de rapports à la scène et à la présence des artistes qui travaillaient à la création de Rothko Untitled #2.

Pendant trois jours, les participants ont vécu des plages d’observation de trois heures (le matin et l’après-midi) en éprouvant trois postes d’observation. Le premier était situé en direct dans la salle Serreau du Théâtre national de Bretagne. Une caméra située sur le plateau captait à 360° l’ensemble des actions qui s’y déroulaient qu’elles aient été de nature artistique, technique, des notes ou encore le vide du plateau lorsque l’action de répétition était interrompue. La captation en flux continu permettait d’enregistrer les différentes temporalités d’une journée de répétition. Les matinées étant le plus souvent réservées à l’équipe technique et les après-midi à l’articulation technique et artistique dans la perspective d’élaboration du spectacle. Cette captation en direct était retransmise dans une loge où se trouvait la seconde moitié du groupe d’observateurs. A cet emplacement, les uns pouvaient s’immerger dans la vie du plateau en s’équipant de casques immersifs qui retransmettaient les images captées par la caméra à 360°. D’autres pouvaient suivre les répétitions sur un écran qui retransmettait le direct enregistré par une caméra 2D.

Trois postures ont ainsi pu être éprouvées par les observateurs pendant les trois jours au cours desquels le dispositif a été implanté. Les jours suivants, le groupe d’observateurs s’est réuni pour échanger sur l’expérimentation vécue et a pu assiter à la générale et à la première du spectacle. L’ensemble des participants a documenté les différents états de l’expérience suivie en tentant d’une part d’être attentifs à l’écriture du geste artistique auquel ils assistaient en direct, d’autre part de produire une réflexion sur les modalités de regards qu’ils avaient à traverser. Il est apparu qu’au-delà de la sensibilité affirmée pour la présence dans la salle de répétition qui ne peut être déplacée même au moyen de l’immersion numérique live, les possibilités offertes par l’image immersive peuvent répondre à divers obstacles dans les processus d’observation d’un processus de création. La caméra peut être oubliée par les artistes et par conséquent offre la possibilité à des spectateurs d’être sur le plateau de façon virtuelle. Cet outil permet de capter des angles de vue inédits et d’éprouver des rapports de proximité avec certains moments du travail créatif que la distance physique dans la salle ne favorise pas. Inversement, la présence physique dans la salle permet de capter des circulations dans l’espace et dans la parole que la caméra ne peut saisir. Par ailleurs, ce processus de création largement structuré par des lumières immersives conçues par Claire Ingrid Cottanceau dans une dynamique plasticienne ainsi qu’un espace sonore lui aussi immersif et complexe avec la guitare live d’Olivier Mellano, le chant lyrique des Voix imaginaires, le phasage et déphasage de la voix narratrice live et pré-enregistrée s’est particulièrement bien prêté à l’enregistrement à 360°. Il a en effet permis, par endroits, la construction d’une expérience sensible immersive dépassant le cadre de l’observation du processus. Certains participants ont alors vécu avec émotion la possibilité de plonger dans le son et la lumière et de retrouver une sensation provoquée en salle. On est alors tenté de dire que la captation a fait naître un objet sensible immersif, forme de variation sur le spectacle que ses auteurs qualifient d’objet visible et sensible.

Les différents points d’observation ont ainsi offert une réelle complémentarité qu’il serait intéressant de développer en veillant à être attentifs aux objectifs poursuivis car l’usage d’une observation immersive reste techniquement complexe et réclame une attention poussée à la forme artistique et à l’implantation du dispositif technique.

Photos de répétition

Toutes les notes, dessins et photographies © Argos

Répétition avec Claire Ingrid Cottanceau et les trois chanteurs, Judith Derquin (soprano), Emilie Nicot (alto), Christophe Gires (ténor)

Réglage de lumières

Vue sur la scénographie

Claire Ingrid Cottanceau

Vue sur la scénographie

Table de régie technique

Table de régie avec Claire Ingrid Cottanceau et Isabelle Gozard

Table de régie technique

Détail de table de régie

Communauté d’ARGOS dans la salle de répétition

Disposition de l’expériment immersive

Etudiants du master avec les casques immersifs

Bénédicte Boisson avec casque immersif

Sophie Proust avec casque immersif

Luk Van den Dries avec casque immersif

Coline Etesse, administratrice du project ARGOS, filmé par Hirton Fernandez, vidéaste, dans le miroir Sophie Lucet, coordinatrice du project

Communauté d’ARGOS suivant les répétitions par le caméra 360°

Réunion ARGOS

Table de discussion avec chercheurs, spectateurs et étudiants