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A propos de

Un observatoire européen des processus de création

ARGOS est un programme de recherche-création européen (Europe Creative, 2018-2021) qui entend créer un observatoire des processus de création dans le domaine des arts de la scène. Fondé sur un consortium regroupant cinq universités européennes (l’université de Rennes 2, coordinatrice du projet, l’université du Péloponnèse, l’université de Lisbonne-FLUL, l’université d’Anvers, l’université de Lille), ARGOS se focalise sur l’observation de processus de création dans des institutions ou des tiers-lieux artistiques et culturels : Teatro O Bando (Portugal), Societas (Italie), Théâtre National de Bretagne (France), Au bout du plongeoir (France), ainsi que Moussem et Hammana Artist House (Belgique et Liban). La finalité de ce programme est de créer des récits polyphoniques sur l’analyse des processus de création dans les arts de la scène et de les partager avec la société civile.

Pourquoi le nom d’ARGOS ?

ARGOS est une double référence à la mythologie grecque. C’est non seulement le nom du navire de Jason parti à la conquête de la Toison d’or et conduit par le chant d’Orphée mais aussi le nom d’un monstre grec doté de cent yeux qui disposait d’un regard panoramique sur son environnement et ne s’endormait jamais tout à fait.  ARGOS propose également la création d’un observatoire multiple où cinq catégories d’observateurs partage ensemble des processus de création : chercheurs, artistes, médiateurs culturels, étudiants et spectateurs sont ainsi réunis dans et par l’acte de création. Cette combinaison des regards permet l’avènement d’un regard augmenté, chaque observateur pouvant dès lors s’approprier la dynamique à l’œuvre dans le geste créateur.

Terrains de recherche et angles d’approche

Pour mener à bien son programme, les membres de l’équipe d’ARGOS se livrent, en tout ou en partie, à cinq types d’expérimentations dans cinq lieux différents puis à deux ateliers de recherche (workshops) dans lesquels ils évaluent les aventures partagées dans le domaine des arts de la scène. Pendant 32 mois, cinq modalités d’observation sont donc expérimentées :

  • L’observation intégrée, où les regardeurs et les artistes sont engagés dans le partage d’un lieu et d’un temps communautaires. Au Portugal, à Palmela, avec le Teatro O Bando (Joao Brites)
  • L’observation participative où les regardeurs agissent directement sur le processus de création. En Italie, à Cesena, avec la Societas (Chiara Guidi)
  • L’observation immersive où les regardeurs sont équipés de casques de réalité virtuelle et vivent une partie des répétitions en immersion. En France, à Rennes, au Théâtre National de Bretagne dirigé par Arthur Nauzyciel avec les artistes en création (Claire Ingrid Cottanceau et Olivier Mellano)
  • L’observation créative où les artistes partagent avec les observateurs leurs premières notes et références pour que tous soient partie prenante du projet de création. En France, à Thorigné-Fouillard, avec au Bout du plongeoir (Frédérique Mingant).
  • L’observation interculturelle où les regardeurs sont incités à expérimenter la diversité de leurs ancrages culturels. Au Liban, près de Beyrouth, au Hammana Artist House, partenaire de Moussem

Développement de méthodologies d’observations innovantes et création de récits transmédia

Chaque membre d’ARGOS est invité à faire part de ses observations sur les répétitions qu’il aura suivies par des récits transmédia (articulant textes, vidéos, photographies, dessins, collages, enregistrements sonores). Il peut réaliser ses annotations sur un cahier Rocketbook permettant une diffusion numérique sur une plateforme commune au projet. Selon les expérimentations, il pourra suivre ces répétitions en direct, en streaming ou en observations immersives à 360° grâce à des casques spécifiques. Ces approches, soutenues par un webdocumentaire réalisé par Lagencevoid, ainsi que le site Internet d’ARGOS, participent de nouveaux enjeux pour la recherche sur les processus de création. En effet, toutes ces possibilités d’appréhender les processus de création, de les partager entre observateurs et d’en rendre compte, participent d’une nouvelle manière d’interroger les gestes créateurs dans les arts de la scène et offrent une collaboration originale entre chercheurs, artistes et membres de la société civile pour donner à voir la phase créative de la production des spectacles.

De nouvelles méthodologies

ARGOS développe des méthodologies innovantes pour augmenter le regard sur les fabriques de la scène contemporaine.

La création de communautés d’observateurs

ARGOS crée des communautés d’observateurs élargies et ne limite pas l’observation des processus de création à quelques initiés. En plus des chercheurs et des artistes, l’observation est ouverte à des étudiants, des médiateurs culturels des institutions ou tiers lieux associés au projet ainsi qu’à des groupes hétérogènes de spectateurs.

De l’expérience artistique à son récit sensible

Ces communautés d’observateurs construisent un récit polyphonique autour de l’acte de création. Le regard est alors augmenté, tout comme la perception de chacun par l’échange sur le processus de création en cours. Ainsi, la constitution de chaque récit singulier d’une expérimentation, associé à celui des autres, témoigne de l’activité polyphonique de la mise en scène tout en produisant de nouvelles traces des processus de création.

Les finalités d’ARGOS

Vers un nouveau partage des savoirs

Chaque expérimentation d’ARGOS mène à un déplacement de chaque catégorie d’observateurs.

  • Pour le chercheur, il s’agit d’abandonner un regard surplombant sur l’œuvre pour se mettre à l’école de la création.
  • Pour l’artiste, de passer d’un discours sur l’art à un discours de l’art, directement en prise avec la pratique.
  • Pour l’étudiant, d’appréhender la dimension polyphonique d’un processus de création en comprenant le métier de chacun des membres d’une équipe artistique.
  • Pour le médiateur culturel, de vérifier l’hypothèse que l’observation des premiers temps d’une création ouvre à une autre appropriation de l’œuvre au moment de sa présentation publique.
  • Pour le spectateur, d’expérimenter la transformation du regard sur l’œuvre quand on a accès à sa fabrique.

ARGOS entend donc créer les conditions de rencontres inédites basées sur de nouvelles modalités de rapports au geste de la création artistique.

Vers de nouveaux rêves

L’horizon du projet ARGOS est de mettre en place un réseau européen constitué par des communautés réunies par l’expérience du sensible et sa mise en récit, réseau célébrant la créativité plutôt que le simple “accès” à l’œuvre.

ARGOS #2 (septembre 2021 / septembre 2024) sera le temps du transfert de l’expérience dans d’autres pays européens (Allemagne, Espagne, Serbie, Monténégro, Roumanie, Lituanie, Pologne), et dans le monde (Liban, Québec, Brésil, Japon) avec des partenaires universitaires et artistiques déjà pressentis. Il permettra la configuration d’un projet structurant pour la formation, la dissémination et l’invention permanente de nouveaux rapports entre les artistes, les publics et les acteurs de l’enseignement dans le creuset des processus de création à l’échelle internationale.

Il s’agira alors de labelliser des Fabriques Créatives, de mettre en place une université nomade, tout en continuant de créer un observatoire européen des processus de création.

Les Fabriques Créatives

Les Fabriques Créatives seront des tiers lieux des savoirs artistiques. Éphémères et nomades, elles pourront s’implanter partout sur le territoire européen et dynamiser des territoires isolés aussi bien que des métropoles. Ce label sera proposé à des structures artistiques et culturelles ou à des tiers-lieux répondant à trois critères fondamentaux : l’expérimentation de nouveaux protocoles de collaborations entre équipes artistiques et communautés de regardeurs ; l’ouverture aux temps préparatoires du spectacle selon des modalités diversifiées et innovantes ; la restitution de ces expériences esthétiques et relationnelles dans le cadre d’une plateforme collaborative européenne.

Des formations universitaires nomades

Ces nouvelles dynamiques interactives auront pour finalité de modifier à long terme les relations à la création pour les secteurs de l’enseignement et de la formation professionnelle (prise en compte des métiers liés aux arts de la scène dans le cadre de formations universitaires innovantes, mise en œuvre de stages dans le cadre de l’alternance, enseignements nomades, etc.).

Un observatoire des processus de création à l’échelle internationale

La labellisation de Fabriques Créatives Européennes permettra de créer, à partir des expérimentations menées dans ces lieux de recherche-création, un observatoire international des processus de création. Grâce aux apports du numérique, les expérimentations menées dans le cadre d’ARGOS # 2 seront accessibles à un public diversifié en créant des voies d’accès à l’art théâtral encore inédites.

Le défi du projet ARGOS consiste donc à concevoir la culture comme moteur d’innovation et de créativité (y compris au niveau technologique et sociétal) susceptible de promouvoir le dialogue interculturel et de conduire au développement territorial de nouveaux modèles de collaboration en matière artistique.